Vent de panique
J’aime emprunter ce chemin agricole.
Récemment remblayé ma voiture cahote un peu moins de droite à gauche.
En hiver le passage des tracteurs fait vaciller mon cabriolet dans les ornières pleines d’eau .
Sa couleur bleue ciel disparaît sous la boue.
Mais là, nous sommes fin juin, les blés sont bien avancés, leurs épis dorés, gonflés, attirent souvent différentes races d’oiseaux : moineaux, alouettes, bergeronnettes, milans, busards….
Sur le chemin devant moi, deux petits limicoles trottinent, ils courent et puis reviennent ensuite sur le même lieu, bizarre…..un couple ?
Dans mon objectif photographique je reconnais le petit gravelot.
Son œil cerclé de jaune est typique de l’espèce.
Ce biotope friche et gravillons pourrait correspondre à une nidification.
La femelle au collier plus claire se tapit sur le sol au milieu du passage.
Elle se retourne et lance un petit cri d’alerte « ne t’approche pas »
Mais un bruit plus fort me fait sursauter, le vrombissement d’un gros tracteur qui arrive à vive allure.
Catastrophe ! Il va passer sur le nid au sol et donc écraser les œufs !
Mon dieu ! Je ne peux rien faire, intérieurement je panique.
La femelle s’envole et tournoie au dessus de cet énorme véhicule !
Après le passage « d’exterminateur », je sors de mon véhicule et me dirige vers le nid pour voir l’étendu des dégâts.
J’ai peur du résultat…… mes yeux scrutent entre les galets….rien……rien, en observant à nouveau !
Je reste bouche-bée…. J’aperçois blotti entre quelques gravillons, une toute petite boule de plume d’environ trois centimètres.
C’est magique, splendide la couleur de son duvet est d’un mimétisme parfait, de différentes teintes de beige, il se fond dans son habitat.
Mais comment va-t-il après le passage de ce monstre d’acier ?
Je m’approche très doucement, miracle ! L’œil petit bien noir frémit, il est vivant.
Cet oisillon est à croquer, mon cœur de mère a envie de lui faire un doux câlin du bout de mon index, mais mon âme d’ornithologue ne le touche surtout pas.
Juste une petite photo souvenir.
Je recule car le couple est de retour.
De loin j’observe, pendant une dizaine de minutes il ne bouge toujours pas, est-il blessé ?
Les gravelots adultes s’approchent un peu plus du poussin, il l’appelle.
Tout à coup, le petit rejeton ce dresse ! Il file à la vitesse d’un éclair vers les hautes herbes.
Il se retourne une fraction de seconde, j’aperçois une dernière fois sa douce silhouette dans mon objectif, puis il disparait……
Heureux dénommant, merci « dame » nature pour ce sublime moment.
Mais ! quels parents ! ils ne s’appelle pas Linottes pourtant,
laisser son petit au milieu de la route !!
Fin.
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